Les cabines de bains.

Par JCLB

Les plages étaient agrémentées de cabines de plage ou cabines de bains, qui servaient à se déshabiller pour enfiler son costume de plage ou son maillot (en laine, pour que ça sèche plus vite …), mais aussi pour entreposer tous les jouets et articles de plages (pelles, seaux, haveneaux, etc.…)  On y mettait aussi à sécher les serviettes de bains qui en fait n’y séchaient pas, et demeuraient humides et rèches.
Parfois, les jours de pluie – qui ne nous décourageaient pas de nous rendre à la plage- elles abritaient d’interminables jeux de cartes, de 7 familles, de parties de carrés chinois, d’osselets ou autres.
Ces cabines avaient même été réquisitionnées pendant l’occupation où elles servirent, repeintes en vert de gris, de guérites aux soldats en faction aux barrages où à l’entrée des zones côtières interdites.

Nous avions, (années 50-60), entreposées à l’hôtel THALAMOT, deux ou trois cabines de bains, dont la nôtre ( A moins que ce soit celle d’un client absent !!), celle du professeur de gymnastique et de natation de la plage des Oiseaux, M……. qui m’apprit à nager, et celles de divers clients réguliers de l’hôtel.


Hotel Thalamot

 

Ces cabines étaient démontées en fin septembre et remontées à l’approche de la belle saison.
Elles étaient entreposées, contre les parois et maintenues par des cordes, dans le garage n° 4 (où était garée la voiture de ma grand-mère, rachetée à M. BERENDORFF et que celui-ci avait identifié de 2 petites bandes jaunes à hauteur des vitres….celles qui tombent quand on s’y attend le moins… ) ou dans le garage n° 3 ( où était garée la Citroën traction avant, noire 11 CV légère de mon père).
Ces cabines de bains abritaient, le printemps venu d’énormes araignées velues et noires que l’on débusquait à grande eau, avant de charger tant bien que mal, et de travers,  dans la « petite charrette » les divers éléments de ces cabines de bains (socle, montants, toiture en 2 morceaux, porte, banc et surtout la clef que l’on avait toujours du mal à retrouver d’une année sur l’autre).
Et en route vers la plage des Oiseaux avec mon père et Jean LAMEZEC. La « petite charrette » avait alors des roues cerclées de fer (depuis remplacées par des jantes de « 2 Cv » et des pneus caoutchouc) (elle est toujours en fonction en 2009). Il fallait aussi emporter des cales en bois, un marteau et sans doute la caisse à outils, ainsi qu’un portemanteau en bois qui était finalement cloué sur l’une des parois intérieures.

Après avoir retenu dans la descente vers la plage et ensuite poussé comme des bœufs, la « petite charrette » lourdement chargée dans le sable de la plage, nous prenions possession de la première dalle en ciment, qui restait à demeure sur la plage, subissant en hiver l’assaut répété des fortes marées et qu’il fallait souvent déblayer de monceaux de sables, de goémons et de détritus qui s’y étaient accumulés pendant la mauvaise saison.



Jean y pourvoyait à l’aide d’une pelle de cantonnier et d’un gros balai fait de branche de houx. La dalle d’assise propre, on y commençait le montage. Les quatre parois et les éléments de la toiture se tenaient entre eux à l’aide de crochets métalliques qui venaient se loger dans des anneaux. C’était toujours beaucoup d’énervement et de gesticulations pour trouver le crochet et l’anneau correspondant. J’assistais au manège, chargé parfois de maintenir une cloison, en attendant qu’on ne la fixe.
Nous faisions 2 ou 3 voyages, avant de ramener à l’hôtel les 2 ou 3 grosses clefs munies d’une plaque de bois, marquée d’un n° et retenues par une cordelette de marine.
En fin d’été, on procédait aux démontages des cabines, (une année, ce fut même un jour de grande marée, et le retour fut difficile, entre deux grosses vagues.) Jean et Papa avaient retroussé la « cote à bretelles » jusqu’aux genoux et je devais profiter des derniers plaisirs de la plage.

Arrivées, non sans mal parfois, (un homme qui tire entre les brancards et un homme qui pousse à l’arrière et moi qui fait semblant, en évitant les grandes roues)  dans la cour arrière de l’hôtel, les cabines étaient lavées à grande eau et à la brosse chiendent, débarrassée de leur sable et du sel  Périodiquement, après séchage sur cales, elles recevaient une nouvelle couche de peinture blanche.
Il fallait toujours procéder à leur enlèvement avant les grandes marées de fin septembre ou octobre, A défaut, elles risquaient d’être enlevées par la mer et d’être fracassées contre les rochers. Je crois même que cela arriva une fois et nous fûmes alertés par quelques veilleurs, pour aller ensuite récupérer la cabine, à moitié ensablée, sinon démantibulée et en morceaux.

Ces cabines servaient aussi de rempart à la pudeur des garçons et des filles pressées, qui utilisaient souvent l’espace derrière ces cabines pour toutes sortes de « commissions » grandes ou petites. Tant et si bien qu’en fin de saison, l’odeur pouvait y être nauséabonde, bien que les « petits tas » étaient consciencieusement recouvert de sable ; et parfois lessivés par les grandes marées.